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DA-NACH

première 1 mars 2019, Atelierhaus der Akademie der bildenden Künste Wien // Vienne/AT

Un îlot d’espoir en pleine apocalypse

Allons droit au but  : Da-nach est une petite production, mais elle est renversante (…) et à ne rater sous aucun prétexte. Car un spectacle de danse autrichien, aussi juste, intelligent, conséquent, dotée d’une chorégraphie magnifique et d’un son génial, ça ne court pas les scènes. (…)

Grâce à la créativité de Gudrun Lenk-Wane, les accessoires façon Arte Povera ne font jamais production bon marché, mais utilisés à bon escient, ils sont matière à un perpétuel étonnement. (…)

Le grand mérite de ce spectacle est d’être une œuvre d’art total. Sans pour autant se prévaloir de cette notion comme d’un argument marketing. Le décor, la chorégraphie et la musique, mais aussi la dramaturgie même de l’histoire, tout cela convainc sans restriction. Le sujet est d’une grande actualité et pourtant d’une puissance archaïque. Dans Da-nach, l’humanité en ce qu`elle a d’instinctif est juxtaposée sobrement à un autre attribut, totalement différent, qui n’apparaît pratiquement jamais dans les récits dystopiques du moment  : celui de l’empathie, de l’action collective et de la volonté d’aider  –  ce qui, dans ce contexte précis, va finalement contribuer à la survie de l’espèce humaine.
Peut-être est-ce cette perspective tellement salvatrice face à un futur annoncé de toutes parts comme funeste qui rend cette pièce de danse contemporaine à ce point bouleversante. Chapeau, et surtout  : merci !

(Michaela Preiner, European Cultural News)


 
DANS.KIAS : Da-nach

L’humanité a-t-elle vraiment besoin d’une catastrophe pour se souvenir de sa grandeur  ? Les graines de l’humanité ne germent-elles qu’au milieu des décombres  ? Avec sa dernière œuvre, Saskia Hölbling dessine une image de l’être humain qui, réduit à sa plus simple existence, se présente comme une créature empathique, solidaire, humaine au meilleur sens du terme. Grandiosement interprétée, en parfaite interaction avec le son et la lumière, Da-nach est une œuvre profondément humaniste. Le Zarathoustra de Nietzsche exhortait ses frères à «  inscrire des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles  ». C’est ce que fait Saskia Hölbling.

(Rando Hannemann,  Tanz.at)


Vivre parmi les épaves

Quelque part au milieu de nulle part, disparus, solitaires, égarés – mais pourtant pas perdus  : tels sont les personnages de Da-nach, pièce dansée de Saskia Hölbling. (…) Wolfgang Mitterer, l’un des compositeurs autrichiens les plus intéressants, en a écrit le fond sonore, une musique inquiétante, oppressante, excitante et qui pourtant nous semble connue. (…) 

Hölbling construit une constellation de personnages qui explorent leur nouvel environnement à tâtons. (…) Ce qui prend corps, en une heure à peine, c’est une étude de l’humain magistralement menée  : ensemble, les excellents danseurs génèrent une atmosphère d’abandon, sombre mais pas désespérée. Et créent une unité au sein de la mise en scène de Hölbling qui tient captif  !

(Oliver Lang, Kronenzeitung)

 
Radicalement incolore : Da-nach, le spectacle de danse de Saskia Hölbling

Le monde a coulé à pic. Quelques personnes, toutefois, ont pu sauver leur peau  ! Dans Da-nach (A-près), le nouveau spectacle de la chorégraphe viennoise Saskia Hölbling, ils voguent à la dérive sur un radeau instable, fait de bric-à-brac, dans un grand hall du Semperdepot. (…)

Peut-être le choc du grand naufrage est-il trop fort, peut-être les survivants avaient-ils anticipé cet événement (restant indéterminé) qui les a forcés à se réfugier sur ce radeau. Toujours est-il qu’ils doivent désormais se débrouiller sans toutes ces choses qui, auparavant, étaient d’une incroyable importance.

Car, outre leur radeau, ils ne possèdent rien d’autre que les vêtements qu’ils portent. Ils se mettent alors à tout escalader, se montant les uns sur les autres dans une fébrilité sans but ni sens. Jusqu’à ce qu’ils finissent par comprendre que, si hétéroclite que soit leur petit groupe, ils forment néanmoins une communauté.

Hölbling refuse de faire de cette funeste situation un drame tel qu’on en voit d’ordinaire – pas de combats, donc, pas de couteaux, pas de requins aux dents longues. Juste une patiente quête, la recherche d’un possible être-ensemble. (…)

L’action qui a lieu sur le radeau est portée au fil du temps par une bande son évocatrice et persistante signée Wolfgang Mitterer. À la fin du spectacle, le public aura assisté aux tracas de quelques individus sans signe distinctif. Mais à notre époque de mises en scène tonitruantes de soi-même, c’est justement le caractère incolore des danseurs de Da-nach qui donne à ce message sa portée radicale.

(Helmut Ploebst, Der Standard)

 

Survivre à la catastrophe

Que se passe-t-il A-près  ? Une révolte permanente contre des forces extérieures qui déclenchent un langage corporel vibrant d’énergie, sans détours, mais sous contraintes. (…)

Ce qui fait la puissance de cette chorégraphie, c’est l’immédiateté avec laquelle s’expriment la recherche d’une position propre, la survie après une quelconque catastrophe qui tout d’abord force chacun à se concentrer sur lui-même. (…)

Seul moyen de communication, le langage du corps demeure intense et dense. (…) L’impact émotionnel sur le public est encore renforcé par la brève et saisissante apparition d’Oskar Mitterer, neuf ans, qui s’intègre dans cette communauté de fugitifs avec rapidité et extrême concentration.

(Silvia Kargl)


THINGS

Première 1 mars 2018, Atelierhaus der Akademie der bildenden Künste Wien // Vienne/AT

Kronenzeitung

Ce sont des objets ordinaires, des objets de tous les jours qui, cette fois, se font les protagonistes de la performance : Things, la nouvelle pièce de la chorégraphe Saskia Hölbling, braque les projecteurs du Semperdepot sur des choses aussi insignifiantes qu’un parasol ou un pneu. 80 minutes d’un spectacle qui célèbre la pleine conscience. (…)


Et le tout est sous-tendu par la musique morcelée du compositeur autrichien Wolfgang Mitterer. Les citations d’œuvres célèbres de musiciens comme Stravinsky ou Tchaïkovsky tourbillonnent dans l’air avant de se désintégrer en fines particules. Bilan : chaleureux applaudissements ! Karlheinz Roschitz

Der Standard

Le fouillis hétéroclite qui s’amasse sur le sol de danse relève du grand chaos artistique. Hölbling et ses quatre danseurs Ardan Hussain, Leonie Wahl, Jan Jakubal et Anna Hein n’en font pas mystère : ils maîtrisent parfaitement ce paysage de bâches en plastique, tuyaux, casques de sécurité, réservoirs, valises, sacs etc. (…)

Si Citizen Kane devient un collectionneur compulsif, comme le révèle le film éponyme d’Orson Welles datant de 1941, c’est par sa quête d’un symbole du bonheur perdu de l’enfance, une luge de la marque Rosebud. Il y a aussi une luge en bois parmi les « choses » de Hölbling. On ne peut exclure qu’il s’agisse d’une allusion à Citizen Kane. D’autant plus que la lumière qui baigne le très beau tableau d’ouverture de la pièce transforme la scène en une image en noir et blanc quasi parfaite ; et que la composition de Wolfgang Mitterer qui retentit à cet instant précis fait penser à une musique de film. (…)

Seul le jeu poétique peut leur éviter d’être emportés par ce tourbillon dans l’Hadès de la dépression.

Helmut Ploebst

Kulturfüchsin


Des chiffonniers se métamorphosent en généraux qui se mettent à défiler avec leur piétaille, avant de se fondre en un seul et même organisme – les limites entre l’homme et la chose semblent abolies – et pour finir, un être symbiotique où se mêlent l’humain et le rebut parcourt l’espace en chancelant.
Un espace qui, une fois encore, semble avoir été créé sur mesure pour les spectacles de danse. 

Sandra Schäfer

 

CORPS SUSPENDUS

Première 3 mars 2017, Atelierhaus der Akademie der bildenden Künste Wien // Vienne/AT

Der Standard

Création grandiose de Saskia Hölbling au Semperdepot 

C’est un piège. Deux hommes et deux femmes s’empêtrent dans une grande toile de cordes noires qu’une secrète aranéide a tendue au milieu d’un espace vaste et redoutable. (…)

L’araignée demeurée secrète est la clé de ce spectacle, qui fait référence au tassement de l’engouement pour le tout connecté tel qu’on l’a connu ces deux dernières décennies. Ou encore, comme l’écrit Hölbling à propos de cette pièce, aux «  nombreux moi entre voies du consumérisme et dépôts d’ordures » et à tous ceux qui sont pris «  dans des sables mouvants entre succès et superfluité  ». On peut donc supposer que l’absente aragne renvoie à ce qui, en cachette, tire les ficelles de nos réseaux mondialisés et y trouve son profit. (…)

Les personnages qui se meuvent dans la toile de Hölbling sont, à n’en pas douter, des pièces jointes, simples appendices n’ayant pas encore réalisés qu’ils sont en voie de suspension. (…)

S’ils ne peuvent se détourner de la toile, c’est qu’elle est un fétiche qui grise ses habitants. Hölbling parle d’« un petit monde-machine  ». Les pendus qui la peuplent portent le noir de cette machine qui jamais ne les laisse trouver leur équilibre, ne leur offre ni appui ni repos, et leur murmure que l’extérieur n’existe pas.

Helmut Ploebst


Kronen Zeitung

Les quatre performeurs/euses évoluent, serpentent, grimpent et s’accrochent dans cet entrelacs avec une assurance et une élégance ahurissantes. Non sans faire émerger quelques réminiscences littéraires : on ne peut s’empêcher de penser aux Nornes qui, dans le Crépuscule des Dieux de Wagner, dévident l'écheveau de la vie et tissent les fils de la destinée. Mais Hölbling n’en appelle pas à la wagnérienne catastrophe, la rupture du câble, qui annonce la fin du vieux monde. (…)

Wolfgang Mitterer, éminent organiste et compositeur de musique électronique, a écrit la bande sonore : un chaud-froid raffiné de sonorités, de couleurs, de tonalités instrumentales et de bruits, un lacis sonore plein de brio, un réseau de correspondances musicales à la mesure de la mise en scène et de la chorégraphie signées Hölbling.
Applaudissements nourris.

Karl-Heinz Roschitz


Kurier

C’est un petit « monde-machine » que Gudrun Lenk-Wane a construit dans l’atelier de l’Académie des Beaux-Arts (plus connu sous le nom de Semperdepot). (…)

À travers de brefs instants de contact, Hölbling nous laisse entrevoir des formes d’interdépendance consentie, d’abandon corporel. Mais la confiance potentielle, réelle, peut-être même, est sans cesse contrecarrée par de nouvelles offensives isolées à l’assaut du labyrinthe de cordes. Qui, finalement, se retrouvera au sommet ? Qui s’écrasera au sol ? Y aura-t-il un semblant de solidarité ?

Voilà le genre de questions que se pose Hölbling dans Corps suspendus et auxquelles ses quatre excellents performeurs/euses (Anna Hein, Ardan Hussain, Jan Jakubal, Leonie Wahl), tout de noir vêtus, tentent de répondre sur un mode résolument acrobatique et en des combinaisons toujours renouvelées. (…)

Car à se laisser porter par le langage formel clair et structuré de Hölbling, on sera largement récompensé, et d’humeur à laisser filer ses pensées... 

Peter Jarolin

  

CORPS À CORPS
Première 25 fevrier 2016, Odeon, Vienne/AT

Kronen Zeitung

Quatre danseurs et danseuses prennent possession de l’espace scénique de leurs mouvements tournoyants. Les scènes s'intensifient. Corps humains et marionnettes chétives s’empoignent, s’enchevêtrent pour former une pelote, un amoncellement d’hommes-déchets, une sculpture vibrante : Saskia Hölbling présente Corps à Corps, sa nouvelle pièce, à l’Odeon. (…)

Avec son raffinement de structures, sonorités et bruitages, la composition palpitante de Wolfgang Mitterer densifie encore les images. Non sans évoquer parfois un film d‘épouvante.
Un décor fait de silhouettes errant comme des feux follets dans un univers insufflant la mort. Des montagnes de morts qui respirent ! Une succession d’instants lugubres, laissant présager des catastrophes.
Mais on pourrait aussi considérer cette danse simplement à partir du concept chorégraphique de Saskia Hölbling : comme autant de jeux de mouvements dont la tension naît du va-et-vient entre entassement et éparpillement, du contraste entre l’humain et le non-humain et de l’influence réciproque des deux. Un vrai suspense ! 

Karlheinz Roschitz





Tanzschrift

À l’aide de huit corps – deux danseuses, deux danseurs, quatre poupées sans tête vêtues de blanc – Saskia Hölbling fait à l’Odeon une démonstration de la dissolution de l’individu dans la masse. Il n’y a plus guère d’évasion possible, le groupe rattrapant chaque fugitif. Avec son langage corporel nouveau, dépaysant, la chorégraphe fait éclore des images d’une imposante beauté. Des corps en combat rapproché.
Ce n’est pas d’amour qu’il s’agit quand deux performers s’enlacent, se frottent, cherchant à démonter leurs membres et à les ordonner autrement. Les corps des danseurs se meuvent avec agressivité, désespoir même – Adriana Cubides, Leonie Wahl, Ardan Haussain, Jan Jakubal développent chacun leurs propres schémas moteurs, mais se ressemblent pourtant, avatars d’eux-mêmes. Toute tentative de résistance est vouée à l’échec. (…)


Dans cette performance impressionnante (mais aussi un peu oppressante), une part essentielle revient à la musique que Wolfgang Mitterer a composée spécialement pour elle. Étrange, elle menace les danseurs, les propulse et les freine ; dans leurs quatre solos, ils semblent se débattre dans une tempête de sons électroniques. (…)


Dans la salle comble de l’Odeon, le public est captivé, les applaudissements sont nourris, mais retenus. Saskia Hölbling, dont l’ensemble DANS.KIAS a plus de 20 ans d’existence, nous prouve une fois de plus que, quoi qu’elle ait déjà atteint, elle n’est pas prête de s’arrêter.

Car avec Corps à Corps, double création au regard de la chorégraphie et de la musique, c’est à un stade nouveau qu’elle accède après son triptyque Squatting Project, developpant avec son excellente équipe un répertoire de mouvements totalement inédit. 

Ditta Rudle





Der Standard

Hölbling a renoué avec deux de ses œuvres précédentes : assemblage humain, un solo avec poupée présenté l’an dernier dans le cadre du festival Impulstanz, et body in a metal structure, pièce conçue avec l’artiste français Laurent Goldring en 2012. Dans Corps à Corps, la poupée blanche a été multipliée par quatre et la structure métallique a engendré deux constructions en acier. Sur la scène, deux femmes – excellente : Adriana Cubides – et deux hommes se confrontent à des mannequins grandeur nature.
La danse est à l’antipode du posthumanisme, prémisse sur laquelle s’appuie Saskia Hölbling. Dans Corps à Corps, il n’y a pas de place pour ces lamentations sur un corps chétif et périssable si chères à l'esprit du temps. (…)


Dans sa deuxième partie, la pièce devient de plus en plus confuse. Ce qui est sans doute voulu. Car il se pourrait bien que la chorégraphe souhaite refléter la confusion et la perplexité auxquelles le corps humain est soumis face à lui-même et à sa propre organisation. Si c’est le cas, Corps à Corps a réussi sa mission, même si le chaos aurait pu s’affirmer de façon plus radicale encore. La danse se termine par abandon face à des problèmes insolubles.
La musique, convaincante jusqu’à la dernière seconde, est due à Wolfgang Mitterer, les poupées sont signées Gudrun Lenk-Wane et les éclairages, sans cesse menacés d’extinction sous l’effet du rythme, ont été conçus par Gerald Pappenberger. 

Helmut Ploebst



BODIES IN TUBES
Première 10 octobre 2014, Tanzquartier Wien, Vienne/AT

Der Standard

Deux corps tentent de se maintenir à l’intérieur d’un étroit système de goulottes à gravats suspendues. Comme dans ses deux créations précédentes, "body in a metal structure" et "bodies (with)in fences", Hölbling laisse l’inquiétant suivre son cours semble-t-il abstrait. Encore une structure dont le corps n’arrive pas à s’extirper... Mais ici, le caractère claustrophobe de notre existence est présenté de la façon la plus radicale  : sous la forme de corps qui ne sont plus que le rebut des systèmes les contrôlant. 

Helmut Ploebst


Kurier

"bodies in tubes", la nouvelle création de Saskia Hölbling au Tanzquartier, est aussi le dernier volet de la série des "Squatting Projects" développés avec Laurent Goldring. Ces projets questionnent le rapport du corps à l’espace urbain. Cette fois, c’est une installation de goulottes à gravats conçue par Goldring et Gudrun Lenk-Wane qui occupe la scène. Une intéressante chorégraphie se joue dans la pénombre, laissant entrevoir des silhouettes. Hölbling et Rotraud Kern s’introduisent dans les goulottes mobiles (tubes), disparaissent à l’intérieur comme pour s’y abriter. Certaines parties de leur corps en dépassent, jusqu’à ce que les performeuses aient exploré l’installation dans ses moindres interstices. Au fil de la performance, l’espace ressemble de plus en plus à une camisole de force qui recouvre leur corps. 

Silvia Kargl

 

BODIES (WITH)IN FENCES
Première 23 janvier 2013, WUK, Vienne/AT

Der Standard

Brillante : la pièce de danse bodies (with)in fences de Saskia Hölbling et Laurent Goldring!
Notre société est un chantier permanent. Un chantier qui, à tous niveaux, est traversé de clôtures et protégé de grilles. Faire appréhender cette politique de confinement, c’est ce à quoi s’emploient la chorégraphe autrichienne Saskia Hölbling et l’artiste et philosophe français Laurent Goldring dans la pièce oppressante qu’ils présentent au WUK de Vienne, bodies (with)in fences. (…)


Avec bodies (with)in fences, Saskia Hölbling et Laurent Goldring poursuivent une collaboration entamée avec body in a metal structure. Qui avait déjà été un succès. Avec cette deuxième pièce, ils tapent clairement dans le mille. 

Helmut Ploebst


tanz.at

Dans une installation faite de grilles de chantiers, trois corps s’escriment, testent des stratégies de locomotion, surmontent des barrières et se retrouvent pour finir là où ils avaient commencé. Cette deuxième phase des Squatting Projects de Saskia Hölbling et Laurent Goldring a également été imaginée pour l’espace public, comme enrichissement du champ urbain. C’est au Projektraum du WUK qu’a eu lieu la première de bodies (with)in fences. (…)


Une performance poignante par sa difficulté et son exigence physique, mais dont l’intensité serait certainement accrue dans l’espace public (en intérieur ou en extérieur). Au Projektraum du WUK, une salle de taille restreinte, le public est réparti des deux côtés de l’installation et ne voient donc que la moitié des images formées par les corps en mouvement. Pouvoir se déplacer et changer de perspectives serait d’un grand profit. Les prochaines représentations de ce projet impressionnant ne sont pas encore fixées, mais les « corps (avec) en clôtures » se produiront certainement au cours de l’année – tout comme la première partie des Squatting Projects de Hölbling/Goldring, body in a metal structure – en divers lieux, couverts ou non. 

Ditta Rudle

 

BODY IN A METAL STRUCTURE

Première 3 mars 2012, donaufestival krems, Krems/AT

Der Standard

Une femme en pantalon noir et haut noir – Hölbling en personne – se place la tête en bas dans une armature de quatre mètres de haut constituée de tubes métalliques, comme ceux utilisés pour les échafaudages de chantier. Cette construction prévue pour être instable (par Gudrun Lenk-Wane) représente une pyramide au sein d’un cube. C’est à l’intérieur de ce dispositif que la danseuse évolue pendant une heure, grimpant vers le haut, se laissant retomber au sol, se suspendant aux traverses ou les secouant. L’armature résiste, mais ses éléments, extérieurs notamment, vacillent dangereusement. La valeur symbolique de l’ensemble est considérable.  Le philosophe Martin Heidegger s’est passionné pour l’idée de dispositif, ce Ge-stell*  qu’il entend comme « provocation qui met l’homme en demeure de commettre le réel comme fonds »** . (…)


Pour Hölbling, cette performance est la première étape de toute une série de Squattings, des occupations de lieux publics. C’est parti – et très bien parti ! 

Helmut Ploebst

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(Traduction française : Françoise Guiguet)


* En allemand courant, Gestell signifie échafaudage, charpente, structure. Chez Heidegger, ce terme a d’abord été rendu en français par « arraisonnement », mais il est à présent traduit par « dispositif ». [n.d.t.]


** Tiré de : La question de la technique, in Essais et conférences, Paris, Gallimard, 1958, trad. André Préau.

Kronen Zeitung

Dressée dans l’espace public (l’esplanade supérieure de l’Albertina), une étrange construction de barres en fer à l’intérieur de laquelle est suspendue, la tête en bas, une personne vêtue de noir : la chorégraphe et performeuse Saskia Hölbling présente sa pièce body in a metal structure dans le cadre du festival ImPulsTanz.
Si la soirée conçue par Saskia Hölbling (en collaboration avec Laurent Goldring) comporte des moments d’escalade audacieux, elle n’a rien d’un numéro de cirque : il ne s’agit pas de faire de l’acrobatie, mais de prendre et d’apprendre l’échafaudage. Que voyons-nous ? Saskia Hölbling se vrille et se propulse à l’intérieur de la vaste structure métallique, tantôt à la façon d’un reptile, tantôt avec violence. Changeant de vêtements, elle explore l’objet, parfois suspendue aux barres la tête à l’envers, puis sautant, grimpant, se lâchant, retrouvant le sol. Et, par intermittence, son regard scrute l’échafaudage, pour jauger les forces en présence, évaluer l’adversaire. Puis, peu à peu, l’armature en tubes capitule, d’outil de chantier elle devient sculpture, déconstruite par Hölbling. Étonnant, le dialogue qui se produit entre certaines pièces qui tanguent dangereusement et la structure intérieure immobile, surprenante, la façon dont s’effectue la conquête de l’objet haut de plusieurs mètres. 

Oliver Lang


tanz.at

À ciel ouvert, sur la terrasse de l’Albertina, un échafaudage en métal – sculpture de Gudrun Lenk-Wane – qu’il s’agit de vaincre. L’armature érigée en un lieu insolite symbolise les écueils et les imprévus de la ville.
Que l’on choisisse de lire et de suivre les commentaires du programme sur les intentions de la danseuse et chorégraphe et du philosophe et artiste média Laurent Goldring ou que l’on préfère se laisser capter par l’architecture métallique placée au cœur des monuments historiques (l’Opéra national, le Palais impérial, l’Albertina) et par le corps qui communique avec elle, body in a metal structure est une performance fascinante. L’effet de la sculpture, qui se dresse vers le ciel et que Nik Hummer fait résonner (soupirer, gémir, cliqueter, chanter), est tout autre que lors de l’avant-première, qui avait lieu dans un espace clos.
Au début, entièrement vêtue de noir, la danseuse est suspendue la tête en bas, prisonnière de l’armature que, finalement, elle se décide à escalader, jusqu’au sommet – minuscule et vulnérable au centre du matériau implacable. D’abord, elle lutte avec les éléments qui parfois oscillent et se dérobent, les explore prudemment des pieds et des mains, acquiert de l’assurance. Tandis que la lune monte dans un halo de brume, la gymnaste enfile une jupe, devient une femme qui va alors communiquer avec la matière, prendre confiance, la conquérir. Tout en souplesse, le corps glisse à travers le labyrinthe de la construction raffinée, s’offre les jambes écartées à la matière désormais dépourvue d’hostilité et, lorsque la lueur du jour s’est entièrement dissoute, se déshabille pour rester suspendu aux barres, en lingerie de dentelle noire, la tête à l’envers. Non plus prisonnier, mais abandonné de plein gré. Le corps fait un avec la structure métallique. 

Ditta Rudle